BILLETSC’est à presque 900 mètres d’altitude, là où l’on aperçoit la confluence de deux torrents, la Doire de Rhêmes et le Savara, et où commence le Parc National du Grand-Paradis, que s’élève le château d’Introd. Ses origines remontent aux XIIe-XIIIe siècles. Son aspect garde une allure médiévale authentique malgré les nombreux remaniements qu’il a subis au cours des siècles suivants, tout comme ses bâtiments ruraux, tels que le grenier. Le dernier propriétaire qui a vécu entre ses murs imposants au début du XXe siècle a inséré des éléments, des œuvres et des meubles qui rappellent d’autres châteaux connus de la Vallée d’Aoste.
À quelques pas du château se trouvent l’église paroissiale, d’origine médiévale elle aussi, et la ferme « l’Ola » qui date de la première moitié du XVe siècle et a été utilisée pendant plusieurs centaines d’années à la fois comme étable, écurie et grange.
| Information Château d’Introd Hameau Plan d’Introd INTROD courriel : beniculturali@regione.vda.it Le Château est actuellement géré par la municipalité d’Introd |
APERÇU HISTORIQUE
LES ORIGINES
LES SARRIOD D’INTROD
ÉVENEMENTS RECENTS
Les origines du château sont enveloppées de mystère. La tour, construite au XIIe-XIIIe siècle, est certainement la partie la plus ancienne. Les autres structures y ont été ajoutées au cours des siècles suivants. La première mention de l’existence d’une maison forte de propriété des Seigneurs de Bard date de 1242 : cette année-là, Amédée IV de Savoie dépossède le rebelle Hugues de Bard de plusieurs de ses biens dans la basse vallée mais laisse à son fils Marc la propriété d’Introd. Le château est ensuite reconstruit par Pierre Sarriod, le fils cadet de Marc, selon un plan polygonal insolite.
À la fin du XIVe siècle, ses noces avec Antoinette, fille d’Yblet de Challant, apportent à Louis Sarriod une dot de 3 000 florins et le lient au seigneur le plus puissant de la Vallée. À la mort de Louis, en 1420, Amédée VIII duc de Savoie donne ses biens d’Introd et de Rhêmes à son aîné, Yblet, et la tour de Saint-Pierre à Jean, ancêtre des Sarriod de la Tour. Le château devient alors résidence et centre juridictionnel des Sarriod d’Introd, puis fait l’objet d’une rénovation, à laquelle participe peut-être Stefano Mossettaz, sculpteur et architecte valdôtain.
Au fil du temps, des ventes et des donations appauvrissent le patrimoine familial. En 1855, un incendie endommage gravement les structures et l’intérieur du château qui est ensuite laissé à l’abandon. Ce n’est qu’en 1912 que cette résidence renaît, lorsqu’elle est acquise par le chevalier Alberto Gonella. En 2022, l’Administration régionale l’achète à don Giuseppe Caracciolo di Brienza, dernier héritier de Gonella, et conçoit de nouveaux projets d’études, de restauration et de valorisation.
PROTAGONISTES
À la mort d’Yblet de Challant, ses quatre fils héritent du fief d’Introd. L’un d’eux est Pierre qui, au milieu du XVe siècle épouse Catherine, fille de François, premier comte de Challant. Lors de violentes querelles qui opposent à maintes reprises les branches des différentes familles pour le contrôle des territoires, Pierre doit défendre les propriétés laissées à Catherine de Challant par son père, décédé sans héritier mâle, et revendiquées par d’autres membres de la famille. En 1456, Pierre est tué dans une embuscade à Verrès alors qu’il prête secours à sa femme, assiégée au château de Chȃtillon.
Alberto Gonella, avocat et associé de la Banque « Kuster & Cie. », est une personnalité éminente de la communauté financière de Turin de la période entre le XIXe et le XXe siècle, ainsi que l’époux de Maria Calani, fille du marquis Aristide, propriétaire de la Gazzetta di Torino. Poussé par sa passion pour la chasse, il fréquente assidûment le val de Rhêmes ; il achète alors le château d’Introd et, en 1912, il le fait reconstruire par l’ingénieur Giovanni Chevalley, à qui il avait déjà confié les travaux d’aménagement de sa résidence turinoise. Gonella meurt en 1921 et, vu l’absence d’enfants, ses biens passent à ses nièces Maria Letizia et Paola Calani, qui font du château d’Introd leur résidence estivale pendant de nombreuses années.
L’ingénieur Chevalley est également concepteur, professeur universitaire, décorateur, ainsi que collectionneur, et travaille longtemps pour l’administration publique de Turin. Au cours de sa très longue carrière (il meurt en 1954 à 86 ans), il privilégie le style baroque, mais pendant sa formation, il est fortement influencé par le style néogothique qu’il découvre dans le cercle d’Alfredo d’Andrade, célèbre architecte, archéologue et peintre portugais. L’apport de cette culture est fondamental pour son parcours et se reflète dans la reconstruction du château d’Introd. Chevalley réalise ensuite, entre autres, le monument aux morts d’Introd (1923) et le siège de la Cassa di Risparmio di Torino d’Aoste (1929).
Né en Valsesia en 1842, Giovanni Comoletti est l’un des principaux sculpteurs actifs en Vallée d’Aoste de la deuxième moitié du XIXe siècle. Plus qu’à ses nombreuses statues à thème religieux, sa renommée est liée à son extraordinaire expertise dans la gravure décorative de style gothique international. Il réalise les ameublements de plusieurs résidences prestigieuses réaménagées à la mode néo-gothique, comme le château Tour de Villa de Gressan et le château de Saint-Pierre. Son œuvre artistique la plus connue et importante, réalisée peu avant sa mort, est l’aménagement du pavillon piémontais pour l’exposition régionale, qui se tient à Rome en 1911 à l’occasion du cinquantenaire de l’Unité d’Italie.
POUR EN SAVOIR PLUS
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